mercredi 5 décembre 2007

Maman …. Je t’ai menti!

Ici, je vous partage une lettre que j’ai destinée à ma mère.



Maman …. Je t’ai menti!

Je m’explique. Avant mon départ en juillet, tu t’inquiétais au niveau de ma sécurité. Est-ce dangereux l’Afrique? C’est vrai que si tu as visionné des films comme « Diamants de sang » et « Un dimanche à Kigali », tu es en droit de se questionner! Je te rassure, mon objectif n’est pas de me mettre dans des situations impossibles où ma santé est en jeu (cela sans tenir compte des possibles épisodes de paludisme)!

Voici il y de cela quelques mois ce que je t’avais répondu pour t’enlever toute inquiétude : « Tu sais maman, au Burkina Faso, ce n’est pas comme le Congo, le Sierra Leone ou certains pays d’Amérique Latine. Ces pays possèdent plusieurs richesses naturelles comme le diamant, l’or, le sucre, etc. Dans ces pays, l’inégalité est grande entre les riches et les pauvres. C’est cette inégalité qui génère la violence. Quelqu’un voyant son voisin avec une belle voiture a bien plus de chance de développer un sentiment d’agressivité. Là-bas, au Burkina Faso, tout le monde, ou presque, est pauvre. Alors il n’y a pas cette frustration et cette violence qui se sont installées dans le cœur des gens. »

Le sociologue en moi croyait alors avoir raison. Mea culpa! En vérité, il y a bel et bien de belles maisons de riches au Burkina Faso! Si tu venais me rejoindre, tous les jours, tu remarquerais comme moi un paysan dans la rue amenant ses récoltes à dos d’âme se faire dépasser par une Mercedes. Des adolescents ont des motos alors que d’autres doivent s’installer près de lampadaires sur le bord des routes pour pouvoir étudier le soir. Une famille peut facilement avoir l’eau courante, l’électricité, un frigo alors que leurs voisins doivent puiser l’eau au forage du quartier. D’un côté de la rue, tu pourrais voir un édifice en ciment à deux étages, climatisé, et de l’autre, des maisons faites de briques de terres sans eau courant ni électricité.


(Des femmes font le vannage du maïs, opération consistant à séparer la coquille du grain du coeur. On pourrait après en faire de la farine.)

Malgré tout, je ne t’ai pas menti totalement. Oui, je me sens en sécurité au Burkina Faso! Je n’ai jamais été victime d’actes de violences, peu importe leurs natures. Mais pourquoi? Parce que je ne sors pas après le coucher du soleil (ce qui est faux!) ? Parce que je suis toujours accompagné par gardes du corps burkinabé (encore faux!)? Parce que je ne m’expose à aucun risque et parce que je ne parle à personne (ça aussi, c’est tout ce qu’il y a de plus faux!) ? Mon impression est que peut-être ce sont seulement les Burkinabé qui sont comme ça. Pacifiques, tranquilles, « relax ». Après avoir entendu la phrase « Y a pas de problèmes! » pour la cinquième fois dans une journée, on commence à réaliser la richesse de ce peuple. Malgré la pauvreté, tu serais étonné de constater que les Burkinabé sont un peuple vivant dans la paix. Ils estiment énormément les étrangers et ils voient la vie très positivement. Par exemple, j’ai dernièrement accompagné un ami qui récoltait le champ de sa famille.



Malgré mon inefficacité flagrante à manier la hache, mes mains criblées d’ampoules et mes deux coups de chaleur, il m’a tout de même remis à la fin de la matinée un très gros sac d’arachides et un autre sac d’haricots pour me remercier. Le travail que j’ai fait ne valait aucunement cette récompense! Mais j’ai accepté bien sûr, parce que c’est comme ça… au Burkina!

Maman, je t’invite à venir vivre quelques semaines au Burkina Faso. Tu découvriras, contrairement à ce beaucoup de gens pourraient penser, que nous n’avons pas besoin de donner de l’argent ou des cadeaux pour être apprécié et respecté. Malgré le manque de moyens de la population, il te suffirait de montrer ton appréciation pour leur pays, parler la langue locale, discuter avec eux et peut-être tu remarqueras comme moi quelque chose dans leurs yeux. La fierté? La reconnaissance? La joie? Je ne sais pas. Tout ce que je vois, c’est le privilège que j’ai de pouvoir connaître des gens comme ça!


(Des enfants nous accompagnant au champ)

Alors maman, même si les inégalités n’ont pas échappée à mon pays d’adoption, je réitère ce que je disais : oui je me sens en sécurité au Burkina Faso!

Ton fils qui t’aime.

2 commentaires:

Anonyme a dit...

haha pauvre louise !

ce que tu dis,simon, ressemble beaucoup au mali. y a pas de problème !


les gens sont hyper généreux et heureux de voir qu'on s'intéresse à leur culture.

pour ce qui est d imaginer louise au burkina...

bonjour de bamako
marie-pierre

Anonyme a dit...

Salut Simon!

Le congres national est maintenant dans une semaine et nous sommes tous sur la panique generale est je n'ai absolument aucun temps de lire ton blog en ce moment! :P Mais je cherchais des photos pour des grandes bannieres pour le congres et decider de chercher sur ton blog... et la, ben j'ai pas ete capable de m'empecher de lire! Contente de savoir que tu te sens en securite la-bas :P Et je ne sais pas si tu savais mais Alex et Eli s'en viennent te rejoindre en juillet...!!!

Vic