jeudi 18 septembre 2008

Compagnon de voyage

J’ai lu ce livre de Hubert Reeves pour la première fois il y a déjà 9 ans de cela. J’étais en secondaire 5 à l’époque. Le livre s’intitulait « Compagnon de voyage ». Ayant écris quelques ouvrages d’astronomie et de physique pour grand public, ce livre avait pour thème l’univers dans son caractère philosophique.

La première partie du livre fait un éloge de la nature. Est-elle belle et cruelle? Tout dépend d’où on la regarde, déclare l’auteur… Il utilise plusieurs exemples avec un élan de poésie que j’ai bien apprécié. Un de ceux-ci nous amène sur le bord d’un lac en forêt, le matin, lorsque le vent n’est pas encore levée. L’homme regarde le spectacle qui s’offre à lui. Le reflet du soleil sur l’eau, l’odeur des sapins, de petits insectes survolant le lac et de petits éphémères bondissent sur une eau presque stagnante. L’homme ne peut qu’apprécier tout ceci lui procurant un grand moment de détente. Transposons nous du côté de l’éphémère maintenant. Il bondit sur le lac à la recherche de nourriture. Il doit se dépêcher car le vent va bientôt se lever et elle devra rejoindre la terre. Tout à coup, sans même pouvoir réagir, un insecte lui plonge dessus et l’avale d’un seul coup. C’est la mort. Qu’elle peut être cruelle, cette même nature.

Je fais beaucoup de parallèle entre ce livre et ce que je vis ici dans mon coin du Burkina Faso. Dans les journaux, on peut lire sur les inondations, la famine, les maladies, la corruption et la pauvreté… D’un autre côté, on entend parler du caractère romantique, voir même exotique toujours présent en Afrique. Sa musique authentique nous fait rêvait, son énergie traversent les continent. Dans tous les films on pourra toujours voir un couché de soleil rougissant la terre ou des dizaines d’enfants, criant et riant, courir derrière une voiture…. L’Afrique est belle et cruelle…

L’accueil burkinabé est exemplaire. Accueilli dans une famille au village, tu pourras, le matin, recevoir du pain et du café qu’ils auront payé pour toi…Le midi, tu aura droit au meilleur morceau de viande et à de l’eau froide. Toutes ces petites attentions vont t’émouvoir. Tu ne t’es par contre pas rendu compte que cette famille n’a pas pu envoyé tous ses enfants à l’école, faute de moyens… Tant de générosité de payent pas les frais de scolarité et le temps nécessaire que les enfants doivent prendre pour aider au taches ménagères.

Dans une famille, voler c’est interdit. Même un blanc a peu de risque de se faire voler. Même avec si peu de moyen, ils n’essaieront pas de te prendre quoi que ce soit. Ce que tu ne peux pas savoir par contre, c’est que les filles de la famille ont peut-être tous été excisées. Personne ne peut voir si une fille est excisée. Lors de l’événement, on dit qu’elle est malade, qu’elle a le palu (paludisme). Ensuite, la vie continue, elle devient comme les autres. Ce n’est pas écrit dans son front, à la petite, qu’elle est excisée… Comment une famille peut-elle être belle et cruelle de cette façon (selon notre point vue en tout cas)?

J’ai également des conversations qui montrent la grande sagesse de ces gens face à leur situation. Cette sagesse n’a pas d’égale et m’impressionne vraiment. Quelques minutes plus tard, d’autres personnes me laissent un mauvais arrière goût par leurs commentaires remplis de préjugés et d’ignorance…Je suis sans cesse confronté à ce dualisme, cette opposition. Je suis cependant très fier de pouvoir constater ces différences et ne pas vivre dans une maison de verre, comme beaucoup d’étrangers font. Certains voient que les bons côtés, d’autres que les mauvais…Mais pour apprendre et avancer, il faut pouvoir vivre dans cette nature qui est la fois belle et cruelle.

jeudi 3 avril 2008

Une histoire d’équilibre ou comprendre ce que P/CP veut dire….Et le lien avec le Conseil de Gestion.

On parle souvent d’efficacité. Qu’en est-il vraiment? On l’expliquera sur la base d’un paradigme que l’on peut appeler ‘l’équilibre P/CP’, principe qu’on néglige trop souvent. Voici d’abord une histoire expliquant bien ce principe.

Laissez-moi vous raconter une petite histoire qui illustre bien la nature de mon travail. C’est la fable d’Aesop sur la poule et les œufs d’or.

Cette fable est l’histoire d’un pauvre fermier qui un jour découvrit dans le nid d’une de ces poules un magnifique œuf en or. Au début, il croyait à une supercherie. En manipulant l’œuf, il commence à réfléchir et décide de l’amener chez lui pour une étude plus approfondie.

L’œuf est en or pur! Le fermier ne peut pas croire à cette chance! Il devient encore plus stupéfait le jour suivant quand il voit l’expérience se répéter. Jour après jour, il se réveille en hâte pour trouver d’autres œufs en or dans le nid de la poule en question. Il devient rapidement très riche.

Mais avec la richesse est venue aussi l’avarice et l’impatience. Incapable d’attendre le jour suivant pour avoir un autre œuf en or, il décide de tuer la poule pour ainsi les obtenir tous à la fois. Mais quand il ouvre la poule, il la trouve vide. Il n’y a pas d’œufs en or. Et maintenant il n’y plus moyen d’en avoir aucun. Le fermier a détruit la poule qui les produisait.

Je suggère que dans cette fable se retrouve une loi naturelle, un principe – la définition de base de l’efficacité. La plupart des gens voient l’efficacité du point de vue des œufs en or : plus tu produis, plus tu fais, le plus efficace tu es.

Mais l’histoire montre bien que l’efficacité réelle repose sur deux choses : ce qui est produit (les œufs en or) et ce qui les produit (la poule).

Si tu adopte un mode de vie qui se concentre sur les œufs mais néglige la poule qui les produit, tu te retrouveras tôt ou tard sans la poule pour produire. D’un autre côté, si tu prends uniquement soin de la poule sans avoir d’objectif regardant les œufs en or, tu n’auras bientôt plus rien pour nourrir ni toi, ni la poule!

L’efficacité repose sur un équilibre, qu’on peut appeler « équilibre P/CP ». P signifie Productivité, les résultats désirés, les œufs en or. CP signifie Capacité de Produire, l’habilité ou la chose qui produit les œufs en or.

Et le lien avec le Conseil de Gestion…


Le conseil de gestion a connu une évolution progressive au cours des années. Cette année, nous avons environ 450 adhérents. Les conseillers en gestion sont supposés visiter les adhérents 2 fois par mois pour le suivi-appui conseil, faire le calcul, l’analyse, le commentaire de gestion, la restitution des résultats ainsi que la prévision de la campagne à suivre. Ajoutons à cela les sensibilisations au Conseil de Gestion et la préparation pour le Bilan de Fin de Campagne. N’oublions pas en plus que la plupart des sites ont des adhérents en culture maraîchage et en culture hivernale.

Il serait très facile de justifier une approche en développement centré sur l’acquisition de matériel, de conseil technique. Donnons des intrants à ceux qui produisent. Montrons certaines techniques de productions en espérant que les gens les adoptent. On veut les œufs en or…

Le conseil de gestion est une approche qui fait le pont entre les œufs en or et la poule qui les produits. En donnant des outils aux gens leur permettant de réfléchir sur les choix qu’ils font et de comprendre leurs revenus, leurs dépenses, leur profit, nous investissons dans la Capacité de Produire. En étant une aide à la décision, en leur laissant faire des choix sur la base de résultats concrets de leur exploitation, nous leur donnons des moyens de produire plus d’œufs en or. Nous prenions soin de la poule.

De plus, les formations sur demande, le conseil individuel, le commentaire de gestion et la prévision de campagne sont des choses concrètes pour le producteurs, des aspects qui lui font gagner plus d’œufs en or. C’est un équilibre fragile mais qui a beaucoup de valeur.

Cet équilibre n’est pas sans faille. Certains adhérents laissent la tâche aux conseillers de remplir le cahier de gestion de l’exploitation. On peut produire des œufs en or plus rapidement car il y a moins d’erreur dans le cahier. Mais petit à petit, il y a des centres d’alphabétisation qui construisent leur formation en lien avec le conseil de gestion. Des adhérents passent aussi le relais à leur enfant pour remplir le cahier. On investie dans la poule, dans la capacité de produire…

Cette fable a sur la poule et les œufs en or me permettent d’avoir de la perspective sur mon travail, mais aura je crois beaucoup d’incidence sur ma vie personnelle, familiale et professionnelle futur.

Est-ce que personnellement, j’investis assez de temps dans ma CP?
Est-ce que mes relations interpersonnelles sont basées sur un équilibre P/CP?
À quel point je veux que mon futur patron respecte cet équilibre P/CP dans le travail qu’il me demandera?

Plein de questions, qui demanderont encore plus de réflexions! Mais ça c’est bien, non!?

Des photos

Quelques photos qui font exemption...Je suis dans les photos!


Alain, un ancien volontaire, Augustin, un ami ainsi que toute sa famille au village de Silia.




Moi sur un âne...sans commentaires! et non ce n'est pas de la neige. juste l'appareil photo qui est bizarre


Moi qui sort d'un bus lors d'une mission

mardi 1 avril 2008

Choc culturel!

La plupart des voyageurs connaissent la théorie des chocs culturels.

Quand tu arrive dans un pays, c'est le "high". Tu découvre et tu es émerveillé par tout ce que tu vois. Tu as soif de découvertes toutes les rencontres sont une occasion d'apprentissage unique.

Après plusieurs semaines, quand le quotidien s'installe, tu remarque des choses qui te deplaisent. Tu compare ce qui est bien ici, mal ici, avec ce que tu es habitué de vivre dans ton pays. Des aspects que tu croyais vrai le sont plus. Tu es confronté à la dur réalité des choses. Tu t'ennuie de ta famille et tu penses à repartir.

La troisiéme étape consiste à remonter la pente, à mettre les choses en perspective et à questionner plutôt que juger. Finalement, la quatriéme étape, tu vis à l'aise dans ta communauté d'accueil...

Mais qu'en est-il des chocs culturels occidentaux qu'on vit ici?! Je n'ai lu aucun truc la dessus! Je m'explique. La semaine, j'ai vécu deux chocs culturels assez intenses.

Nous étions, les volontaires ISF du Burkina, tous réunis pour un meeting mensuel. Pour la deuxième fois seulement depuis mon arrivée, on décide de se rendre dans une piscine de Ouagadougou. Le choc! Un bel hotel, des trucs qui brillent, des musiciens qui chantent, des tables en marbres, des blancs partout...Le choc quoi!

Deux jours plus tard, de retour dans ma ville, je passe en vélo et je vois, à ma grande surprise, un groupe d'adultes s'adonner à la pétanque..., et oui, ce sport mythique pratiqué par nos matantes et mononcles préférée de chez nous. Une épluchette de blé d'inde avec ça! Sortez la liqueur au fraise et le orange crush et on fait la fête! Ya plus de surprise possible!

C'était l'histoire de mes deux chocs culturels de la semaine.

PS. En passant, j'ai aussi été secoué quand j'ai vu qu'il y avait aussi de la liqueur au fraise ici. Moins populaire mais quand meme apprécié par bon nombre. J'y goute la semaine prochaine sans faute!

vendredi 14 mars 2008

Manifestez-vous!

Bonjour a tous!

Depuis le début de ce périple, je suis agréablement surpris de constater qu'il y a des visiteurs sur mon blogue que je n'aurai pas soupsonnés! certains me lisent à partir de l'alberta, de l'ontario, de plusieurs regions de la France, de l'Angleterre, du Burkina, du Congo, de l'italie....

Vraiment merci! Je suis curieux de savoir qui vous êtes, pourquoi mon blogue vous intéresse, ce qui vous passionne dans la vie, si vous aimez le chocolat chaud...les choses importantes de la vie quoi!

J'attends un signe de votre part, un petit bonjour réchauffera mon coeur déjà soumis à un 35 degré a l'ombre!

mercredi 13 février 2008

Le maraîchage 101

Des semences, de la bonne terre, un arrosage quotidien… Qu’est-ce qui faut de plus pour faire pousser des légumes?

C’est ce que je croyais, il y a six mois, quand je suis arrivé au sein de la cellule agro économique de mon ONG (Organisation Non Gouvernementale). La cellule suit plus de 400 producteurs dans leurs productions maraîchères et céréalières à travers le conseil de gestion à l’exploitation agricole. Ce conseil est une aide à la décision, un outil d’analyse de la rentabilité économique par le producteur lui-même, et de prise de décision en vue d’améliorer la situation de son exploitation.

Sept conseillers accompagnent donc chaque producteur pour que ceux-ci comprennent mieux les dépenses, les revenus et les aspects techniques de leur production.

J’ai pu comprendre rapidement que le maraîchage requiert des moyens pour investir, un savoir et beaucoup de travail! D’abord, il faut avoir accès à un point d’eau. Certains ont un ou deux puits, d’autre un bassin d’eau alors que des groupes ont bénéficié de projets d’envergure permettant la construction de barrage retenant l’eau de pluie.

Par la suite, des années sont nécessaires avant que se construise le savoir nécessaire à la culture de plants de qualité à bons rendements. Les maraîchers doivent trouver l’apport en eau et la quantité d’engrais optimale par rapport au type de sol de leur région. Ils doivent trouver des semences de qualité, permettant une bonne levée des plants. Ils doivent maîtriser la confection des pépinières et les traitements en cas de maladies. Ils doivent toute l’année faire le compost nécessaire à l’engrais organique. Seulement les mieux organisés peuvent irrigué avec une pompe, la plupart devant y aller arrosoirs par arrosoirs, sur plus de 500m2! Le nord du Burkina Faso produit beaucoup de pommes de terre et d’oignon. On y trouve également du chou, de la tomate, de l’aubergine, de la carotte, de l’ail, du piment.

(un producteur utilise les arrosoirs pour sa percelle de chou, Il poursuivra devant pour arroser ses parcelles de tomates)

Et ça c’est seulement la production! La réussite ou l’échec d’une saison maraîchère s’observe davantage à la vente. Il faut trouver un acheteur pour ses produits, l’éloignement des grands axes routiers rendant souvent l’opération très compliquée. Les besoins en argent pressant des producteurs rendent de plus l’organisation difficile, chacun essayant de vendre le plus rapidement possible. Si tout se passe bien, le bon maraîcher pourra sortir de ce trois mois de travail avec 200$ en poche. Il pourra, si les puits ou les réservoirs n’ont pas taris, répété à nouveau l’exercice.

(on se prepare pour vendre les oignons)


Le jeu en vaut par contre la chandelle. Les revenus générés permettent à la famille d’envoyer les enfants à l’école, de payer les frais de santé, les habits et même d’ouvrir un compte dans une Caisse d’épargne et de crédit. Ils permettent aux hommes de rester au village au lieu d’aller « chasser » l’or ou le travail en ville. Les femmes peuvent aussi pratiquer cette activité génératrice de revenu, lui permettant de participer aux dépenses de la famille et ainsi augmenter son statut. Le regroupement de producteurs autour d’un site permet aussi d’augmenter la cohésion sociale et le partage des connaissances. Dans le cas du Conseil de Gestion que nous faisons, les producteurs viennent également à occuper des postes de leaders dans leur communauté, étant donné qu’ils ont acquis des compétences de gestionnaires sur leur exploitation. Ils peuvent ainsi devenir trésorier d’un groupement, président d’une association de jeunes, responsable des recouvrements de crédit et autres. Écoutons deux producteurs :

« Le Conseil de Gestion a résolu tous mes problèmes. Avant de me lancer dans une activité, j’évalue à l’avance ce qu’elle me rapportera, si bien qu’aujourd’hui je constate que mon budget a augmenté et je m’occupe bien de l’alimentation de ma famille. J’ai pu scolariser deux enfants car j’ai compris l’importance de l’école. Toute ma famille se porte bien. J’ai pu acheter une charrette ».

Pour un autre, l’impact est différent : « Avant mon adhésion (au Conseil de Gestion) je gérais mal mon grenier si bien que souvent la famine frappait ma famille. Maintenant nous mangeons très bien toute l’année. Et avec l’argent que je gagne en plus, j’arrive à scolariser mes enfants et à assurer la santé de la famille qui depuis tombe de moins en moins malade. J’ai pu me marier à une nouvelle femme ».

L’activité du maraîchage est donc une activité qui se développement au Burkina, mais non sans difficulté. La maîtrise de l’eau, le manque d’équipement, les maladies des plants et surtout le développement des marchés pour la vente sont des contraintes la société et les différents projets de développement essaie de soulever, avec l’aide des producteurs et leurs groupements.

Le pouvoir des images

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D'abord vraiment merci pour vos commentaires. Chaque commentaires me "boost" pour la journée, je vous ment pas! Savoir qu'on est lu c'est vrailent important et très touchant! Donc voici mon prochain texte... gare à vous, journaliste et photographe en herbe!

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Durant mon implication scolaire et les quelques mois passés ici, je me suis rendu compte de quelque chose. Quand je travaille en équipe, je suis plutôt celui qui faire ressortir les problèmes, critiqués, identifiés ce qu’on aurait pu faire mieux. Quand je parle de développement et de pauvreté en général, je suis l’inverse. J’ai tendance à valoriser ce qu’il se fait de bien, montrer des exemples de réussite et d’espoir. Quand je regarde les médias, je me rend compte que eux aussi, on tendance à présenter un seul côté de la médaille…

Au Canada, nous voyons trop d’images de violence et de famine provenant de l’Afrique, oubliant qu’il y a de petites révolutions positives, qui se produisent tous les jours, et qui font avancer la société et les gens qui y vivent. On entend parler des gouvernements corrompus africains, alors qu’on oublie que le Ghana est un exemple de démocratie pour tous les pays du monde, y compris les pays développés. On oublie la corruption qui sévit aussi dans nos propres pays. On entend parler des guerres du diamant, alors que ce sont des biens consommés presque uniquement dans les pays riches. Belle ironie!

C’est suite à cette réflexion que je me suis questionné sur le pouvoir des images. Quand on présente une image, on présente aussi une réalité. Mais cette réalité peut trop facilement être interprétée, tordue et adaptée selon le contexte. Par exemple, voici une photo que j’ai prise dans le village de Hittè :



Quelle est votre impression en regardant cette image? Sûrement l’impression d’une terre sèche, infertile. On voit à droite un enclos défait et à gauche une femme bien aimante et ses deux enfants qui, délaissés, semble à la recherche de on-ne-sait-pas-quoi. En tout cas, elle semble bien cherché quelque chose! On pourrait presque croire à un village abandonné! Voici une autre photo prise à moins de 100 mètres du même endroit :



C’est le même village! Dans celle-ci, on voit toute l’agitation. Le forage permet à plusieurs femmes de puiser l’eau nécessaire à la nourriture. Il semble bien y avoir une dynamique sociale s’étant installé grâce au forage! Des bœufs viennent s’abreuver et des pintades tournent autour. Mangera-t-on de la bonne pintade grillée au souper!!!???

Les pailles tissées derrière le forage montre une activité économique. On fabrique ces rouleaux avec de longues herbes qu’on vend au marché. Finalement, les arbres derrières nous indiquent une activité agro-forestière. Ces arbres vont donner des fruits ou seront utilisé à des fins médicinales.

Deux images du même village nous montre deux réalités différentes. J’ai la chance inouie d’être ici, au Burkina, pour présenter, selon ma vision très restreinte des choses, la réalité que je perçois. Cette réalité est modifiée par ma propre culture, mes valeurs, mes idées préconçues, mon humeur du jour, mon état de motivation et les gens qui m’entourent. Je crois par contre que cette réalité que je vous présente dans mon blogue est aussi transformée par quelque d’encore plus important : le visage que MOI je veux présenter de l’Afrique, ou du moins, de la région Nord du Burkina Faso!

C’est à moi d’évaluer quelle est ma responsabilité en temps que travailleur en développement dans la façon que j’aie de présenter l’Afrique. C’est à moi de choisir.

Au final, lesquelles de ces photos vais-je choisir pour vous présenter l’Afrique? Les deux premières ou la dernière?





mercredi 23 janvier 2008

En sortant du cyber...

C’est vraiment bizarre parfois. Deux à trois fois par semaine, je vais au cybercafé. Je download des documents pour le travail, je regarde si ingénieurs sans frontières ne m’a pas envoyé quelque chose. Quand j’ai fait ça, je pars, je m’évade. Je vais voir si mes parents ne m’ont pas envoyé leur message, toujours assidue. Je vérifie si un de mes amis ne m’a pas raconté ce qui se passe à Montréal. Je communique avec mon frère, je lui demande aussi un peu ce qui se passe… Je lis les nouvelles, la situation du Parti Québécois, les accidents de la route, les élections américaines et toujours un peu du blogue de Patrick Lagacé sur cyberpresse. Bref, je suis absorbé par un univers francophone, québécois, des gens qui sont proches de moi. Quand l’heure se termine, j’ai encore toute l’information dans ma tête. Je n’ai pas encore décroché de cet univers, j’ai la tête accrochée à un port sur la rive du St-Laurent.

Je sors du cyber climatisée et chaque fois j’ai un choc, c’est inévitable. 10 degré en plus, des jeunes transportant des bariques de 200 litres d’eau sur des charettes, les dames cuisinant sur le bord des rues, la route de sable, bref, la ville où je vis. Aujourd’hui, j’étais encore au Canada quand un groupe de 5 enfants se sont approchés, m’ont salué et m’ont littéralement demandé de l’argent. Ça n’arrive pas si souvent que ça mais c’est toujours une bonne claque su’a yeule pour me rappeler où je suis. Je n’aime vraiment pas quand ces choses m’arrivent mais c’est inévitable. J’essaie d’être empathique mais c’est pas facile quand t’es exposé à des demandes comme ça tous les jours. J’essaie le mieux que je peux de montrer par mes actions quotidiennes qu’on n’est pas des cashmachine et qu’on n’a pas (tous) tant d’argent que ça quand on vient ici. Quelqu’un me disait dernièrement que je pouvais du jour au lendemain me retourner et demander à ma famille de m’envoyer 5millions (10 000$). Vraiment, quand je lui ai dit que c’était bien au-delà de ce que j’avais comme compensation pour toute l’année, elle ne me croyait pas. J’ai peut-être changé sa vision des choses, mais ça prend juste un groupe de blanc se ramenant avec leur jouet pour distribuer aux enfants pour défaire les efforts de 100 autres blancs qui tentent de montrer que non, on ne sert pas juste à donner des cadeaux, qu’on est des êtres humains aussi.

Mais je n’en veux à personne, c’est plus facile de généraliser et je ne peux pas non plus en vouloir à l’esprit entrepreneurship des petits enfants! Alors ne lâchez pas les kids, on va sûrement finir par se comprendre!

Je sais que dans le fond, moi aussi je généralise parfois. Parce que je tire des conclusions à partir des gens qui m’approchent. Alors que la plupart des gens passent, sans rien me demander. Il me considère comme… quelqu’un dans la rue quoi! Mais eux, je ne les remarque pas, je ne vais pas leur parler…je les ignore….C’est ça qui me rend triste parfois. Du fait que ceux-ci ne m’abordent pas, je ne passe à côté de personnes incroyables…

Que faire alors? Non ce n’est pas perdu! En restant une année ici, on peut côtoyer et apprendre à connaître des gens très bien. Après avoir été prendre le café et les beignets frits au même endroit pendant un mois, tu apprends à connaître les gens et eux aussi apprennent à te connaître. Il faut prendre le temps, c’est tout, et ne pas précipiter les choses…Petit à petit!

mardi 8 janvier 2008

Un temps des fêtes un peu spécial...


Cela fait maintenant près de cinq mois déjà que je suis en Afrique de l’Ouest et c’est toujours un grand plaisir de vous partager mes aventures. Cette semaine, pour faire durer un peu plus longtemps l’esprit du temps des fêtes, je décris le Noël que j’ai passé ici, au Burkina Faso.


Il fait 35 degré Celsius sous un fort soleil sahélien. Le paysage qui s’offre à moi est une plaine parsemée d’arbustes, de longues herbes desséchées, un ou deux arbres à l’horizon et un baobab, cet arbre majestueux se tenant comme un roi au milieu de cette terre rougeâtre. Nous nous dirigeons vers Hittè, le village où j’aurais la chance de passer trois jours, dont la nuit de Noël. Il est 13h et j’ai chaud, très chaud! Deux questions gardent mon esprit occupé : Comment vais-je trouver les mots pour raconter ce moment à mes proches du Canada et surtout, était-ce vraiment une bonne idée de parcourir à vélo 70km sur un chemin sablonneux en deux jours avec cette chaleur et un vent de face!?

Revenons un peu arrière. Ici, le temps des fêtes commencent réellement le 19 décembre. Et non, ce n’est pas parce que c’est à ce moment que les gens s’empressent de parcourir les centres commerciaux pour acheter les cadeaux à leurs proches! En effet, dans une ville où plus de 80% de la population est de religion musulmane, nous fêtons tous la Tabaski, aussi appelé la fête du mouton. Cette journée, toutes les familles qui en ont les moyens tuent un mouton en souvenir du bélier envoyé à Abraham par l’ange Gabriel. Un grand rassemblement a d’abord lieu sur la Place de la Nation, où une foule s’attroupe pour une prière collective à 9h00.



C’est vraiment impressionnant! Pendant la journée, qu’elles soient catholiques ou musulmanes, les familles se visitent entre elles, s’assoient pour manger et discuter. On s’échange les plats de riz, de pâtes, de couscous, de poulet et de mouton bien sûr! De famille en famille, mon ventre se remplit petit à petit. Après le 6e repas, vous comprendrez que j’avais besoin d’une petite pause!

Après la Tabaski, Noël approche rapidement. Un ami et moi décidons de se rendre chez le frère de ce dernier, vivant dans un village à 70km de Ouahigouya, la ville où je demeure. En vélo, nous avançons tranquillement mais sûrement, les chemins de terres et le vent freinant quelque peu notre élan. Arrivés à destination, la famille nous accueille chaleureusement avec l’eau de bienvenue et un plat de tô. C’est la veille de Noël, la noirceur tombe, nous faisons donc rapidement amener le porc et le mouton de l’enclos. Comme il n’y a pas d’électricité, nous utilisons nos lampes à batterie pour nous éclairer. Une heure plus tard, après l’abattage et le vidage et le nettoyage de notre futur festin, nous commençons à couper les différentes parties en plus petits morceaux pour le plat du lendemain. Je suis exténué. La randonnée en vélo de la journée m’ayant quelque peu chauffé l’esprit, un verre de dolo (bière fabriquée localement avec la céréale de sorgho) me suffit pour m’envoyer au lit.

Le lendemain matin, c’est la messe traditionnelle de Noël. Tous les catholiques du village s’y retrouvent pour les chants, l’homélie et la danse finale au son des percussions! Endiablant!



La journée se poursuit avec le repas préparé par les femmes le matin, suivi par la visite des différentes familles situées prêts de chez nous. Le village est très étendu, il est donc difficile de voir tout le monde. L’après-midi, se déroule au cœur du village des activités attirant surtout les jeunes. Grâce au carré de danse, j’ai ainsi pu faire rire un bon coup à plus de 100 jeunes burkinabé! D’un air confiant, j’embarque avec d’autres dans l’arène et sur le son d’une musique reggae, je mets le paquet devant cette foule perplexe. Ce n’est pas tous les jours qu’un blanc vient danser le jour de Noël! Un peu plus loin, d’autres personnes font tirer des prix et vendent des articles qu’on retrouve seulement en ville comme des bonbons, sandales, cigarettes, savons, jouets, vêtements, boissons gazeuses et alcoolisées. Finalement, différents jeux permettent à qui le veut d’exercer son adresse.



Encore une fois exténué, je me couche le soir laissant mon ami discuter et prendre la dolo avec ses amis. Avant de m’endormir sur la natte, un tapis me servant de matelas, j’ai une pensée pour ma famille et mes amis, dont que je suis séparé pour ce moment unique de l’année. En me retournant, je vois le ciel et je me dis qu’au moins, peut-être plus jamais je n’aurai l’occasion de passer Noël sous autant d’étoiles!

Le lendemain, nous sommes sur le chemin du retour, toujours en vélo, mais avec sac d’arachide et un coq en plus!



C’est la tradition, peu importe d’où il vient, si un étranger visite le village de Hittè, il repart avec un poulet. Je profite de cette randonnée pour penser encore une fois à comment je pourrai raconter cette histoire. Je réfléchis à ce qui m’a qui étonné, m’a fait rire et pleurer. J’en viens à la conclusion que Noël est pour tous une occasion de se réunir, bien manger, se raconter des histoires, rires et partager des moments de bonheurs, quelque soit l’endroit d’où l’on vient. Seul la manière de l’exprimer diffère légèrement. Contrairement à chez nous, où le moment fort de la soirée est l’échange de cadeaux, ici, c’est la messe… Et de pouvoir savourer un bon morceau de viande!

Ned Tabo! (Joyeuses fêtes!)