Des semences, de la bonne terre, un arrosage quotidien… Qu’est-ce qui faut de plus pour faire pousser des légumes?
C’est ce que je croyais, il y a six mois, quand je suis arrivé au sein de la cellule agro économique de mon ONG (Organisation Non Gouvernementale). La cellule suit plus de 400 producteurs dans leurs productions maraîchères et céréalières à travers le conseil de gestion à l’exploitation agricole. Ce conseil est une aide à la décision, un outil d’analyse de la rentabilité économique par le producteur lui-même, et de prise de décision en vue d’améliorer la situation de son exploitation.
Sept conseillers accompagnent donc chaque producteur pour que ceux-ci comprennent mieux les dépenses, les revenus et les aspects techniques de leur production.
J’ai pu comprendre rapidement que le maraîchage requiert des moyens pour investir, un savoir et beaucoup de travail! D’abord, il faut avoir accès à un point d’eau. Certains ont un ou deux puits, d’autre un bassin d’eau alors que des groupes ont bénéficié de projets d’envergure permettant la construction de barrage retenant l’eau de pluie.
Par la suite, des années sont nécessaires avant que se construise le savoir nécessaire à la culture de plants de qualité à bons rendements. Les maraîchers doivent trouver l’apport en eau et la quantité d’engrais optimale par rapport au type de sol de leur région. Ils doivent trouver des semences de qualité, permettant une bonne levée des plants. Ils doivent maîtriser la confection des pépinières et les traitements en cas de maladies. Ils doivent toute l’année faire le compost nécessaire à l’engrais organique. Seulement les mieux organisés peuvent irrigué avec une pompe, la plupart devant y aller arrosoirs par arrosoirs, sur plus de 500m2! Le nord du Burkina Faso produit beaucoup de pommes de terre et d’oignon. On y trouve également du chou, de la tomate, de l’aubergine, de la carotte, de l’ail, du piment.
(un producteur utilise les arrosoirs pour sa percelle de chou, Il poursuivra devant pour arroser ses parcelles de tomates)
Et ça c’est seulement la production! La réussite ou l’échec d’une saison maraîchère s’observe davantage à la vente. Il faut trouver un acheteur pour ses produits, l’éloignement des grands axes routiers rendant souvent l’opération très compliquée. Les besoins en argent pressant des producteurs rendent de plus l’organisation difficile, chacun essayant de vendre le plus rapidement possible. Si tout se passe bien, le bon maraîcher pourra sortir de ce trois mois de travail avec 200$ en poche. Il pourra, si les puits ou les réservoirs n’ont pas taris, répété à nouveau l’exercice.
(on se prepare pour vendre les oignons)
Le jeu en vaut par contre la chandelle. Les revenus générés permettent à la famille d’envoyer les enfants à l’école, de payer les frais de santé, les habits et même d’ouvrir un compte dans une Caisse d’épargne et de crédit. Ils permettent aux hommes de rester au village au lieu d’aller « chasser » l’or ou le travail en ville. Les femmes peuvent aussi pratiquer cette activité génératrice de revenu, lui permettant de participer aux dépenses de la famille et ainsi augmenter son statut. Le regroupement de producteurs autour d’un site permet aussi d’augmenter la cohésion sociale et le partage des connaissances. Dans le cas du Conseil de Gestion que nous faisons, les producteurs viennent également à occuper des postes de leaders dans leur communauté, étant donné qu’ils ont acquis des compétences de gestionnaires sur leur exploitation. Ils peuvent ainsi devenir trésorier d’un groupement, président d’une association de jeunes, responsable des recouvrements de crédit et autres. Écoutons deux producteurs :
« Le Conseil de Gestion a résolu tous mes problèmes. Avant de me lancer dans une activité, j’évalue à l’avance ce qu’elle me rapportera, si bien qu’aujourd’hui je constate que mon budget a augmenté et je m’occupe bien de l’alimentation de ma famille. J’ai pu scolariser deux enfants car j’ai compris l’importance de l’école. Toute ma famille se porte bien. J’ai pu acheter une charrette ».
Pour un autre, l’impact est différent : « Avant mon adhésion (au Conseil de Gestion) je gérais mal mon grenier si bien que souvent la famine frappait ma famille. Maintenant nous mangeons très bien toute l’année. Et avec l’argent que je gagne en plus, j’arrive à scolariser mes enfants et à assurer la santé de la famille qui depuis tombe de moins en moins malade. J’ai pu me marier à une nouvelle femme ».
L’activité du maraîchage est donc une activité qui se développement au Burkina, mais non sans difficulté. La maîtrise de l’eau, le manque d’équipement, les maladies des plants et surtout le développement des marchés pour la vente sont des contraintes la société et les différents projets de développement essaie de soulever, avec l’aide des producteurs et leurs groupements.
mercredi 13 février 2008
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8 commentaires:
you're quite the artist :)
-Lin
yelo!
je me demandais ce qui se passait dans ton coin du monde. Le temps de lire ce que tu as écris depuis le temps des fêtes et je constate que tu as l'air bien et en santé. Tes commentaires sont très intéressants et ils m'ont manqués!
Continue de vouloir faire la différence, pour eux et pour nous qui te lisont aussi. J'apprends bcp grâce à toi et ma vision de l'Afrique change.
Bonne chance pour la récolte, j'ai cru comprendrons que c'était le moment.
Avec toute mon affection,
Maya
SIMON!!! Sti que je me trouve nulle. Depuis tout ce temps que je reçois des messages isf dans mon courrier indésirable (et que je prends pas la peine de les lire... oups) j'ai même pas réalisé que T'ÉTAIS PARTI!!! Quelle claque dans la face!! Toute innocente que je suis, je croyais que tu en étais encore aux préparatifs. Eh bien, j'ai lu seulement 2 messages sur ton blog, et je suis envoûtée!! Je découvre, avec une agréable surprise, une réflexion assez profonde de ta part et qui flatte l'anthropologue en moi!! Tu vas dire que c'est normal, mais non mon cher: j'ai rencontré des Québécoises cet été qui ont fait un projet humanitaire au Salvador et qui n'avaient pas du tout cette perspective humaine sur l'expérience qu'elles ont vécu et sur l'approche Blanc/autochtone. (On va les appeler autochtones, mais c'est aucunement péjoratif). Ta description de la scène "sortie du cybercafé" est hallucinante, ça me fait capoter comme tu as pris exactement les mots que j'aurais pris moi aussi. Tes récits me font tellement penser à un livre de Hugo Monticone, dans lequel il raconte ses aventures au... Burkina Faso. Le choc des Blancs en Afrique. Wow. Choc culturel, linguistique, climatique, économique, politique, une vraie leçon de vie, quoi... et je n'ai encore jamais mis les pieds sur ce continent. À part au Maroc, mais ça, ça compte pas. L'Afrique noire, c'est un autre monde. Je te félicite de dénoncer les médias et la façon qu'ils font percevoir au monde entier les réalités des pays du Tiers-Monde. Simon, tu m'épates, tu m'épates!!! Et tu me fais remettre drôlement en question certains aspects de mon existence. La semaine dernière, j'ai été engagée pour travailler à la Banque laurentienne à Outremont. Une job étudiante pour moi. Tous les jours je vais voir défiler sous mes yeux des clients riches, parfois snobs et hautains, qui auraient assez d'argent dans leur compte pour faire construire des écoles dans des villages comme le tien. Tu viens de me ploguer en contact presque direct avec l'autre réalité, l'autre monde, l'envers de la médaille. Car la prospérité des pays riches implique nécessairement l'exploitation des pays pauvres, et ce, depuis déjà trop longtemps.
Merci Simon, et bonne chance du fond du coeur. Je vais employer les mots de Maya qui t'a aussi laissé un commentaire: "continue de vouloir faire la différence".
Voilà ton "boost" pour la journée, j'ai pas écrit ça dans cette intention, mais simplement parce que ça m'apparaît la réalité.
(en passant, c'est Vicki.)
lol...merci Vick d'avoir préciser ton nom à la fin...c'est pas facile quand c'est ecrit olivier au début!
Bon courage avec les clients d'outremont! Fais leur lire mon blogue, on sait jamais!
simon
Salut Simon!
Il y a quelque chose de bien dans ce que tu racontes: tu essaies de montrer la vérité telle que tu perçois, tout en essayant sans cesse de la rapprocher de la réalité des choses.
Ton article sur les champs maraîchers est très intéressant, moi il me motive! Ca me donne envie d'aller sur place.
Je ne réalisais pas que les agriculteurs devaient mener de front la récolte et la recherche des clients... Que peut-on faire quand un champ est loin des routes?
Céline.
Pour repondre a la question de celine,
et bien parfois es gros camions camions parviennent a se deplacer vers ces lieux quand meme! de la, des negoiations s'en suivent qui sont habituellement a l'avantage du producteur.
sinon il y a aussi la vente que l'on appelle "bord route" ou les gens amenent eux meme leur recolte avec une charette et vendent sur le bord des routes.
Le meiux, c'est qu'un site maraicher organisenet la vente avant meme de commencer a produire. Ainsi, il sachent le maximum a produire sans occasionner de perte pour les producteurs. Par exemple, plusieurs sites ont des ententes avec des acheteurs de cote d'ivoire et du ghana pour les oignons et la tomates, ce qui permet aux gens de mieux ecouler, avec une certaine assurance.
Salut Simon,
Je voulais juste te dire un petit bonjour. Je sais que je me répète, mais bravo pour ton texte sur le pouvoir des images!
En moi et Eli avons appris que nous risquons de nous retrouver en juillet à Bobo Dioulasso!! J'espère qu'on pourra te croiser question que tu montres que t'es rendus un vrai gars du Burkina, que tu nous apprennes tes trucs et bien sur qu'on prenne une couple de Castel ou Flag, je sais pas ce que vous avez, mais ça va faire l'affaire.
Bonne journée
Alex
"Mat'aran Go"
Ca c'est bonjour ou bonsoir a un groupe de personne en Germa, la langue populaire d'ou je viens (Niamey), et oui je viens du Niger juste a coté de ton pays mon frère.
Pour te dire la vérité, tu es là en train de faire un job noble pour le continent. Je suis fière de toi mon frère. Continu to spread the REALITY.
Tu sais j'ai été a Ouaga au début d l'année, ça faisait longtemps que je ne suis pas sortis de Niamey due a mon job. Mais depuis janvier c'est possible encore pour moi de bouger. C'est ainsi que je me suis déplacé à Ouaga dans l'intention de faire une prospection pour vendre des produits maraîchers et des fruits à Niamey. N'ayant aucun contact a Ouaga je ne te dis pas comment ça a été difficile pour moi, mais j'ai été a Sankariaré ou j'ai pris contact avec un camionneur qui avait un stock de banane plantain car c'était surtout l'objet de mon déplacement. Son stock était presque fini et ce qui restait n'allait pas supporter le voyage pour Niamey. Néanmoins j'ai pris son contact et il ma dit que j'étais arrivé trop tard que la saison de plantain était vers sa fin. Je compte retourner prochainement.
Les produits les plus prisés à Niamey sont surtout le plantain et la tomate. J’aimerai avoir des conseils sur les produits les villages ou marchés a ciblé voir si possible un contact.
J’ai été très ravi de lire ton blog.
Pat.
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