mercredi 22 avril 2009

Le développement c'est les gens!

Le secteur du développement est vaste. On s’y perd parfois. Réglons d’abord un point ensemble. Quand des organisations viennent accomplir des actions ponctuelles dans une régions, comme reconstruire après une inondations, construire des puits nourrir des populations dans les camps de réfugiés, donner des sacs de riz dans une région en famine, ce n’est pas du développement, c’est de l’assistance humanitaire. Le développement s’effectue dans un contexte de stabilité politique et environnementale, où les populations bénéficient d’un support visant à diminuer leur vulnérabilité à l’environnement et ainsi évoluer dans celui-ci. Des exemples concrets? La construction d’un forage et la formation d’un comité de gestion de l’eau dans le Sahel, former sur le long terme des producteurs à mieux gérer leur exploitation agricole ou développer le système de commercialisation de la mangue en sont des exemples. Je travaille, vous l’aurez deviné, dans le développement.

Il importe de bien différencier les deux parce que la pauvreté rurale africaine reste méconnu par la plupart des gens. Les émissions du type « Vision mondiale » n’aide pas vraiment. On nous montre un visage sans espoir, où seule l’argent peut permettre de soulager les souffrances d’enfants affamés. Mais croire que cette situation est généralisée à tous les villages tient, selon moi, du mensonge. La majorité des gens que j’ai rencontrés cherchent des opportunités, qui ne viennent pas toujours certes, mais ils cherchent! Pour d’autres, la nécessité de faire vivre la famille les contraint à exercer des activités peu productives qui génèrent peu revenus. Un choc naturel, comme une sécheresse, ou familiale, comme un décès imprévu, suffit à enfoncer les gens dans la pauvreté. Le cycle recommence.

Au mois de mai, la majeure partie de la famille sorte labouré les champs. De juin à septembre c’est la saison des pluies. Si la récolte précédente a été bonne, ils pourront éviter la famine. Sinon, ils auront soit recours à l’aide gouvernementale, au support de parents ou de voisins. Dans le pire des cas, ils seront contraints à diminuer leur ration quotidienne.

Après les récoltes, les garçons devront partir en ville pour chercher le travail ou monter au nord du pays pour à la quête d’or dans des mines non industrialisées. D’autres vivent dans des villages où des points d’eau naturelles ou construits permettent le maraîchage. D’autres utilisent même les points d’eau pour fabriquer des briques servant à la construction des maisons. On appelle ces briques « banco ». Chaque brique est fait uniquement de terre, d’eau et de paille. En ville, on les vend 10 FCFA chacune, ce qui correspond à 2 sous. Les femmes, quant à elles, iront vendre le peu d’arachide qu’elles auront cultivé et iront aussi cherché du bois pour le vendre sur le bord des routes, souvent situé à plusieurs kilomètre, une distance qu’elles feront bien sûr à pied.

Le revenu généré pourra permettre à une famille de combler les besoins en nourriture, d’envoyer les enfants à l’école, d’acheter les habits et si possible, d’épargner en cas de décès, de mariage ou de baptême. D’autres utiliseront ce revenu en argent pour acheter des moutons ou un bœuf. L’embouche est une stratégie très répandue comportant plusieurs avantages. L’animal constitue en soi une banque, parce qu’on peut le vendre en cas de besoin. Il constitue aussi une autre source de revenu, car il peut être vendu plus cher après seulement quelques mois d’engraissage.

Je savais déjà, grâce à différents témoignages, à quel point les gens sont résilients ici (« tuff »). Mais c’est en le voyant, et en le vivant, qu’on en comprend réellement toute l’amplitude. J’espère, avec ce texte, fournir une information qui représente justement une partie de la réalité que je perçois. J’espère aussi vous transmettre une partie de cette expérience, et ainsi changer quelques idées préconçues sur ce grand coin de la Terre que nous, « occidentaux », connaissons malheureusement encore très peu.

1 commentaire:

Alima KANAZOE a dit...

Salut !
Comme j'ai très envie d'etre au burkina apres avoir decouvert ton blog !!!
C'est très interessant. J'adore le burkina et j'adore aussi ceux qui l'adore.
Merci