mercredi 23 janvier 2008

En sortant du cyber...

C’est vraiment bizarre parfois. Deux à trois fois par semaine, je vais au cybercafé. Je download des documents pour le travail, je regarde si ingénieurs sans frontières ne m’a pas envoyé quelque chose. Quand j’ai fait ça, je pars, je m’évade. Je vais voir si mes parents ne m’ont pas envoyé leur message, toujours assidue. Je vérifie si un de mes amis ne m’a pas raconté ce qui se passe à Montréal. Je communique avec mon frère, je lui demande aussi un peu ce qui se passe… Je lis les nouvelles, la situation du Parti Québécois, les accidents de la route, les élections américaines et toujours un peu du blogue de Patrick Lagacé sur cyberpresse. Bref, je suis absorbé par un univers francophone, québécois, des gens qui sont proches de moi. Quand l’heure se termine, j’ai encore toute l’information dans ma tête. Je n’ai pas encore décroché de cet univers, j’ai la tête accrochée à un port sur la rive du St-Laurent.

Je sors du cyber climatisée et chaque fois j’ai un choc, c’est inévitable. 10 degré en plus, des jeunes transportant des bariques de 200 litres d’eau sur des charettes, les dames cuisinant sur le bord des rues, la route de sable, bref, la ville où je vis. Aujourd’hui, j’étais encore au Canada quand un groupe de 5 enfants se sont approchés, m’ont salué et m’ont littéralement demandé de l’argent. Ça n’arrive pas si souvent que ça mais c’est toujours une bonne claque su’a yeule pour me rappeler où je suis. Je n’aime vraiment pas quand ces choses m’arrivent mais c’est inévitable. J’essaie d’être empathique mais c’est pas facile quand t’es exposé à des demandes comme ça tous les jours. J’essaie le mieux que je peux de montrer par mes actions quotidiennes qu’on n’est pas des cashmachine et qu’on n’a pas (tous) tant d’argent que ça quand on vient ici. Quelqu’un me disait dernièrement que je pouvais du jour au lendemain me retourner et demander à ma famille de m’envoyer 5millions (10 000$). Vraiment, quand je lui ai dit que c’était bien au-delà de ce que j’avais comme compensation pour toute l’année, elle ne me croyait pas. J’ai peut-être changé sa vision des choses, mais ça prend juste un groupe de blanc se ramenant avec leur jouet pour distribuer aux enfants pour défaire les efforts de 100 autres blancs qui tentent de montrer que non, on ne sert pas juste à donner des cadeaux, qu’on est des êtres humains aussi.

Mais je n’en veux à personne, c’est plus facile de généraliser et je ne peux pas non plus en vouloir à l’esprit entrepreneurship des petits enfants! Alors ne lâchez pas les kids, on va sûrement finir par se comprendre!

Je sais que dans le fond, moi aussi je généralise parfois. Parce que je tire des conclusions à partir des gens qui m’approchent. Alors que la plupart des gens passent, sans rien me demander. Il me considère comme… quelqu’un dans la rue quoi! Mais eux, je ne les remarque pas, je ne vais pas leur parler…je les ignore….C’est ça qui me rend triste parfois. Du fait que ceux-ci ne m’abordent pas, je ne passe à côté de personnes incroyables…

Que faire alors? Non ce n’est pas perdu! En restant une année ici, on peut côtoyer et apprendre à connaître des gens très bien. Après avoir été prendre le café et les beignets frits au même endroit pendant un mois, tu apprends à connaître les gens et eux aussi apprennent à te connaître. Il faut prendre le temps, c’est tout, et ne pas précipiter les choses…Petit à petit!

mardi 8 janvier 2008

Un temps des fêtes un peu spécial...


Cela fait maintenant près de cinq mois déjà que je suis en Afrique de l’Ouest et c’est toujours un grand plaisir de vous partager mes aventures. Cette semaine, pour faire durer un peu plus longtemps l’esprit du temps des fêtes, je décris le Noël que j’ai passé ici, au Burkina Faso.


Il fait 35 degré Celsius sous un fort soleil sahélien. Le paysage qui s’offre à moi est une plaine parsemée d’arbustes, de longues herbes desséchées, un ou deux arbres à l’horizon et un baobab, cet arbre majestueux se tenant comme un roi au milieu de cette terre rougeâtre. Nous nous dirigeons vers Hittè, le village où j’aurais la chance de passer trois jours, dont la nuit de Noël. Il est 13h et j’ai chaud, très chaud! Deux questions gardent mon esprit occupé : Comment vais-je trouver les mots pour raconter ce moment à mes proches du Canada et surtout, était-ce vraiment une bonne idée de parcourir à vélo 70km sur un chemin sablonneux en deux jours avec cette chaleur et un vent de face!?

Revenons un peu arrière. Ici, le temps des fêtes commencent réellement le 19 décembre. Et non, ce n’est pas parce que c’est à ce moment que les gens s’empressent de parcourir les centres commerciaux pour acheter les cadeaux à leurs proches! En effet, dans une ville où plus de 80% de la population est de religion musulmane, nous fêtons tous la Tabaski, aussi appelé la fête du mouton. Cette journée, toutes les familles qui en ont les moyens tuent un mouton en souvenir du bélier envoyé à Abraham par l’ange Gabriel. Un grand rassemblement a d’abord lieu sur la Place de la Nation, où une foule s’attroupe pour une prière collective à 9h00.



C’est vraiment impressionnant! Pendant la journée, qu’elles soient catholiques ou musulmanes, les familles se visitent entre elles, s’assoient pour manger et discuter. On s’échange les plats de riz, de pâtes, de couscous, de poulet et de mouton bien sûr! De famille en famille, mon ventre se remplit petit à petit. Après le 6e repas, vous comprendrez que j’avais besoin d’une petite pause!

Après la Tabaski, Noël approche rapidement. Un ami et moi décidons de se rendre chez le frère de ce dernier, vivant dans un village à 70km de Ouahigouya, la ville où je demeure. En vélo, nous avançons tranquillement mais sûrement, les chemins de terres et le vent freinant quelque peu notre élan. Arrivés à destination, la famille nous accueille chaleureusement avec l’eau de bienvenue et un plat de tô. C’est la veille de Noël, la noirceur tombe, nous faisons donc rapidement amener le porc et le mouton de l’enclos. Comme il n’y a pas d’électricité, nous utilisons nos lampes à batterie pour nous éclairer. Une heure plus tard, après l’abattage et le vidage et le nettoyage de notre futur festin, nous commençons à couper les différentes parties en plus petits morceaux pour le plat du lendemain. Je suis exténué. La randonnée en vélo de la journée m’ayant quelque peu chauffé l’esprit, un verre de dolo (bière fabriquée localement avec la céréale de sorgho) me suffit pour m’envoyer au lit.

Le lendemain matin, c’est la messe traditionnelle de Noël. Tous les catholiques du village s’y retrouvent pour les chants, l’homélie et la danse finale au son des percussions! Endiablant!



La journée se poursuit avec le repas préparé par les femmes le matin, suivi par la visite des différentes familles situées prêts de chez nous. Le village est très étendu, il est donc difficile de voir tout le monde. L’après-midi, se déroule au cœur du village des activités attirant surtout les jeunes. Grâce au carré de danse, j’ai ainsi pu faire rire un bon coup à plus de 100 jeunes burkinabé! D’un air confiant, j’embarque avec d’autres dans l’arène et sur le son d’une musique reggae, je mets le paquet devant cette foule perplexe. Ce n’est pas tous les jours qu’un blanc vient danser le jour de Noël! Un peu plus loin, d’autres personnes font tirer des prix et vendent des articles qu’on retrouve seulement en ville comme des bonbons, sandales, cigarettes, savons, jouets, vêtements, boissons gazeuses et alcoolisées. Finalement, différents jeux permettent à qui le veut d’exercer son adresse.



Encore une fois exténué, je me couche le soir laissant mon ami discuter et prendre la dolo avec ses amis. Avant de m’endormir sur la natte, un tapis me servant de matelas, j’ai une pensée pour ma famille et mes amis, dont que je suis séparé pour ce moment unique de l’année. En me retournant, je vois le ciel et je me dis qu’au moins, peut-être plus jamais je n’aurai l’occasion de passer Noël sous autant d’étoiles!

Le lendemain, nous sommes sur le chemin du retour, toujours en vélo, mais avec sac d’arachide et un coq en plus!



C’est la tradition, peu importe d’où il vient, si un étranger visite le village de Hittè, il repart avec un poulet. Je profite de cette randonnée pour penser encore une fois à comment je pourrai raconter cette histoire. Je réfléchis à ce qui m’a qui étonné, m’a fait rire et pleurer. J’en viens à la conclusion que Noël est pour tous une occasion de se réunir, bien manger, se raconter des histoires, rires et partager des moments de bonheurs, quelque soit l’endroit d’où l’on vient. Seul la manière de l’exprimer diffère légèrement. Contrairement à chez nous, où le moment fort de la soirée est l’échange de cadeaux, ici, c’est la messe… Et de pouvoir savourer un bon morceau de viande!

Ned Tabo! (Joyeuses fêtes!)