dimanche 26 avril 2009

photo pas très pourri de photos


Visite à Gorom-Gorom, une petite ville au nord du Sahel... on se rapproche du désert!



En janvier, il fait très froid dans le desert au petit matin...



Je pose fièrement avec un gros poisson...Celui que moi j'ai pêché était beaucoup plus petit!



Visite dans un périmètre maraîcher: c'Est le temps de la récolte de la salade.



Fati, ma ``MAMAN`` de la cours.



Les enfants adorent les photos!



Il gère des affaires sérieuses! Déjà accros au nouvelles technologies!



Ramadan: les filles de mon quartier se sont toutes bien habillés pour l'occasion



Puiser l'eau, activité de routine nécessaire pour la douche et laver les plats

Des gens que je ne pourrai pas oublier…

Chers lecteurs, m’ayant fait quelque peu oublié au courant de la dernière année, je vous fais parvenir mon dernier texte.

----------------------------

Je me réveille à 7h ce matin là. La veille, j’ai mangé un riz sauce pâte d’arachide et des succulentes brochettes de bœuf en fin de soirée, un plaisir dont je ne suis jamais lassé ces 20 mois passés au Burkina. J’ai dormi à la belle étoile, sous un filet anti-moustique, car la température en cette saison chaude, même en pleine nuit, ne me permet pas de rester à l’intérieur de la maison. Au matin, ce sont les bruits de marmites des femmes s’affairant à la cuisine dans la cour et l’âne du voisin qui sont mon réveil matin. Je puise mon eau pour me doucher. Après seulement il me sera permis de saluer les gens de la cour. En même temps, je regarde les enfants partir à l’école avec un sac de riz de 10kg comme sac à dos.

Pour les quelques 75000 habitants de la ville de Ouahigouya, c’est une journée comme les autres. Pour moi, elle revêt un caractère plutôt nostalgique, voir triste. C’est ma dernière journée au « pays des hommes intègres » (traduction littérale de « Burkina Faso »). J’ai terminé mes dossiers au sein de l’organisation locale avec qui je travaille. Ensemble, nous avons monté des modules de formation sur comment gérer les stocks de céréales de manière à éviter la famine les mois précédents la récolte. Ces formations seront données aux groupements villageois après la prochaine récolte en décembre.

C’est la voie que j’ai choisie de prendre. Le cœur de mon travail est de développer la capacité des conseillers agricoles aidant les producteurs à gérer leur activité, prendre de meilleures décisions. Au lieu de lui offrir la charité, le conseiller agricole réfléchit avec eux sur les aspects techniques et économiques des choix de cultures de céréales et de légumes tout en s’assurant de combler les besoins de la famille en nourriture. En l’orientant dans sa prise de décision sans s’imposer, le conseiller respecte le mode de vie du producteur. Par le fait même, j’ai côtoyé des agronomes, des animateurs et conseillers agricoles burkinabé passionnés et compétents qui ont été une source de motivation et d’apprentissage quotidien. Renforcer des dispositifs plaçant le producteur au centre de la prise de décision a donc été une véritable passion.

Tout au long de cette expérience, j’ai porté un regard sur les gens et les événements. Mais de par ce que je fais comme travail et mon optimisme, je préférerai toujours parler des visages souriants et des expériences de développement positives.

Je me souviendrai de Alizeta, ma voisine, une jeune fille de 14 ans n’allant pas à l’école. Contrairement à ses frères et sœur, elle reste à la maison pour aider sa maman. Elle est toujours souriante et je lui demandais souvent son aide.


Alizeta

Je me souviendrai de Souleymane, un producteur de pomme de terre et d’oignon en saison sèche. Quand il m’a dit s’être fait volé ses 11 bœufs, il a sourit en me disant « ça va aller! ». Il cherche toujours les moyens d’améliorer son travail et hésite à prendre un crédit car il n’est pas sûr de pouvoir rembourser.


Souleymane

Je me souviendrai de Moussa, un technicien en agriculture impliqué à 200% dans son travail. Même le soir, nous discutions des comportements des producteurs difficiles à changer et des moyens d’améliorer notre impact sur le terrain.


Moussa

Je me souviendrai d’Océanne, qui, comme tous les enfants, ont peur de moi au début mais qui s’habitue peu à peu. Ayant une mère fonctionnaire, elle aura sûrement beaucoup d’opportunités de choisir l’emploi et la vie qu’elle désire.


Océanne

Ce sont ces visages et ces gens qui garderont mon feu. Je sais que ces gens et bien d’autres ont besoin de notre support, que ce soit sur le terrain ou dans notre épicerie en achetant les produits « équitables ». Pareillement, j’espère que ces histoires vous ferons embarquer vous aussi, à votre façon, au développement de ces populations.

mercredi 22 avril 2009

Le développement c'est les gens!

Le secteur du développement est vaste. On s’y perd parfois. Réglons d’abord un point ensemble. Quand des organisations viennent accomplir des actions ponctuelles dans une régions, comme reconstruire après une inondations, construire des puits nourrir des populations dans les camps de réfugiés, donner des sacs de riz dans une région en famine, ce n’est pas du développement, c’est de l’assistance humanitaire. Le développement s’effectue dans un contexte de stabilité politique et environnementale, où les populations bénéficient d’un support visant à diminuer leur vulnérabilité à l’environnement et ainsi évoluer dans celui-ci. Des exemples concrets? La construction d’un forage et la formation d’un comité de gestion de l’eau dans le Sahel, former sur le long terme des producteurs à mieux gérer leur exploitation agricole ou développer le système de commercialisation de la mangue en sont des exemples. Je travaille, vous l’aurez deviné, dans le développement.

Il importe de bien différencier les deux parce que la pauvreté rurale africaine reste méconnu par la plupart des gens. Les émissions du type « Vision mondiale » n’aide pas vraiment. On nous montre un visage sans espoir, où seule l’argent peut permettre de soulager les souffrances d’enfants affamés. Mais croire que cette situation est généralisée à tous les villages tient, selon moi, du mensonge. La majorité des gens que j’ai rencontrés cherchent des opportunités, qui ne viennent pas toujours certes, mais ils cherchent! Pour d’autres, la nécessité de faire vivre la famille les contraint à exercer des activités peu productives qui génèrent peu revenus. Un choc naturel, comme une sécheresse, ou familiale, comme un décès imprévu, suffit à enfoncer les gens dans la pauvreté. Le cycle recommence.

Au mois de mai, la majeure partie de la famille sorte labouré les champs. De juin à septembre c’est la saison des pluies. Si la récolte précédente a été bonne, ils pourront éviter la famine. Sinon, ils auront soit recours à l’aide gouvernementale, au support de parents ou de voisins. Dans le pire des cas, ils seront contraints à diminuer leur ration quotidienne.

Après les récoltes, les garçons devront partir en ville pour chercher le travail ou monter au nord du pays pour à la quête d’or dans des mines non industrialisées. D’autres vivent dans des villages où des points d’eau naturelles ou construits permettent le maraîchage. D’autres utilisent même les points d’eau pour fabriquer des briques servant à la construction des maisons. On appelle ces briques « banco ». Chaque brique est fait uniquement de terre, d’eau et de paille. En ville, on les vend 10 FCFA chacune, ce qui correspond à 2 sous. Les femmes, quant à elles, iront vendre le peu d’arachide qu’elles auront cultivé et iront aussi cherché du bois pour le vendre sur le bord des routes, souvent situé à plusieurs kilomètre, une distance qu’elles feront bien sûr à pied.

Le revenu généré pourra permettre à une famille de combler les besoins en nourriture, d’envoyer les enfants à l’école, d’acheter les habits et si possible, d’épargner en cas de décès, de mariage ou de baptême. D’autres utiliseront ce revenu en argent pour acheter des moutons ou un bœuf. L’embouche est une stratégie très répandue comportant plusieurs avantages. L’animal constitue en soi une banque, parce qu’on peut le vendre en cas de besoin. Il constitue aussi une autre source de revenu, car il peut être vendu plus cher après seulement quelques mois d’engraissage.

Je savais déjà, grâce à différents témoignages, à quel point les gens sont résilients ici (« tuff »). Mais c’est en le voyant, et en le vivant, qu’on en comprend réellement toute l’amplitude. J’espère, avec ce texte, fournir une information qui représente justement une partie de la réalité que je perçois. J’espère aussi vous transmettre une partie de cette expérience, et ainsi changer quelques idées préconçues sur ce grand coin de la Terre que nous, « occidentaux », connaissons malheureusement encore très peu.