jeudi 18 septembre 2008

Compagnon de voyage

J’ai lu ce livre de Hubert Reeves pour la première fois il y a déjà 9 ans de cela. J’étais en secondaire 5 à l’époque. Le livre s’intitulait « Compagnon de voyage ». Ayant écris quelques ouvrages d’astronomie et de physique pour grand public, ce livre avait pour thème l’univers dans son caractère philosophique.

La première partie du livre fait un éloge de la nature. Est-elle belle et cruelle? Tout dépend d’où on la regarde, déclare l’auteur… Il utilise plusieurs exemples avec un élan de poésie que j’ai bien apprécié. Un de ceux-ci nous amène sur le bord d’un lac en forêt, le matin, lorsque le vent n’est pas encore levée. L’homme regarde le spectacle qui s’offre à lui. Le reflet du soleil sur l’eau, l’odeur des sapins, de petits insectes survolant le lac et de petits éphémères bondissent sur une eau presque stagnante. L’homme ne peut qu’apprécier tout ceci lui procurant un grand moment de détente. Transposons nous du côté de l’éphémère maintenant. Il bondit sur le lac à la recherche de nourriture. Il doit se dépêcher car le vent va bientôt se lever et elle devra rejoindre la terre. Tout à coup, sans même pouvoir réagir, un insecte lui plonge dessus et l’avale d’un seul coup. C’est la mort. Qu’elle peut être cruelle, cette même nature.

Je fais beaucoup de parallèle entre ce livre et ce que je vis ici dans mon coin du Burkina Faso. Dans les journaux, on peut lire sur les inondations, la famine, les maladies, la corruption et la pauvreté… D’un autre côté, on entend parler du caractère romantique, voir même exotique toujours présent en Afrique. Sa musique authentique nous fait rêvait, son énergie traversent les continent. Dans tous les films on pourra toujours voir un couché de soleil rougissant la terre ou des dizaines d’enfants, criant et riant, courir derrière une voiture…. L’Afrique est belle et cruelle…

L’accueil burkinabé est exemplaire. Accueilli dans une famille au village, tu pourras, le matin, recevoir du pain et du café qu’ils auront payé pour toi…Le midi, tu aura droit au meilleur morceau de viande et à de l’eau froide. Toutes ces petites attentions vont t’émouvoir. Tu ne t’es par contre pas rendu compte que cette famille n’a pas pu envoyé tous ses enfants à l’école, faute de moyens… Tant de générosité de payent pas les frais de scolarité et le temps nécessaire que les enfants doivent prendre pour aider au taches ménagères.

Dans une famille, voler c’est interdit. Même un blanc a peu de risque de se faire voler. Même avec si peu de moyen, ils n’essaieront pas de te prendre quoi que ce soit. Ce que tu ne peux pas savoir par contre, c’est que les filles de la famille ont peut-être tous été excisées. Personne ne peut voir si une fille est excisée. Lors de l’événement, on dit qu’elle est malade, qu’elle a le palu (paludisme). Ensuite, la vie continue, elle devient comme les autres. Ce n’est pas écrit dans son front, à la petite, qu’elle est excisée… Comment une famille peut-elle être belle et cruelle de cette façon (selon notre point vue en tout cas)?

J’ai également des conversations qui montrent la grande sagesse de ces gens face à leur situation. Cette sagesse n’a pas d’égale et m’impressionne vraiment. Quelques minutes plus tard, d’autres personnes me laissent un mauvais arrière goût par leurs commentaires remplis de préjugés et d’ignorance…Je suis sans cesse confronté à ce dualisme, cette opposition. Je suis cependant très fier de pouvoir constater ces différences et ne pas vivre dans une maison de verre, comme beaucoup d’étrangers font. Certains voient que les bons côtés, d’autres que les mauvais…Mais pour apprendre et avancer, il faut pouvoir vivre dans cette nature qui est la fois belle et cruelle.